__ Écrivain de la mémoire, orfèvre du rêve, Marcel Proust possède la langue la plus musicale qui soit, une langue dont les associations d’images et de rythmes excitent l’imagination et activent notre cinémascope intérieur. Lire A la Recherche du temps perdu, c’est accéder à un ailleurs, où l’on est tout autant acteur que spectateur. C’est s’ouvrir à un monde dont la révélation peut changer toute une vie. J’entends déjà d’ici les mille objections de ceux que cet univers rebute, simplement parce qu’ils n’en ont pas encore trouvé la clé. Que ceux-là veuillent bien m’accorder leur confiance et, en musique et surtout en toute simplicité, se laisser guider, au moins jusqu’au salon de madame Verdurin, tel que Marcel Proust nous le décrit au début de Un amour de Swann.

Évidemment, j'y ai mis des majuscules donc ce sont des conceptions que je cautionne mais que la majorité des personnes dénigre ... L'Amour proustien est très dur, très complexe, et place la jalousie au centre, à l'origine même de son fonctionnement. Cela est parfois très cynique. Musicalement, ce sera évidemment classique, mais nous n'allons pas labourer uniquement les chemins battus. Un Amour de Swann, car nous nous concentrerons là-dessus, est un îlot dans la Recherche évoquant lui-même un autre îlot, le clan des Verdurin. C'est de ce petit noyau, qui accueille les amours d'Odette et de Swann, que nous allons parler, faisant parfois excursion dans le monde des princesses, des duchesses et des comtes. Mon but est de vous montrer que non, Proust ce n'est pas 'chiant' à lire, et que son œuvre regorge d'un humour décapant et d'une saisie du réel époustouflante et scrupuleuse.