* Tout jeune, il avait rêvé d'être acteur. Jouer, tenir un rôle, c'est échapper à soi-même, oublier ses limites, briser un instant le carcan de ses obsessions et de ses peines, triompher de sa condition dans les yeux et dans l'esprit des spectateurs. Bien plus, c'est imposer aux autres sa présence, les envahir à force d'autorité. Victoire illusoire, sans doute, mais combien consolante ! En société, il éprouvait toujours le besoin de troubler, sans qu'on ne sache jamais s'il se maîtrisait, s'il jouait la comédie, ou se perdait. Il entendait présenter une image de lui qui déconcerte, et qui fasse douter les autres d'eux-mêmes. Mais dès qu'il se retrouvait seul, quelle chute ! En disparaissant de son horizon, ses semblables le laissaient en tête à tête avec le seul témoin et le seul juge qu’il ne se soit jamais reconnu, lui-même. L'autre arriva, et c'est alors qu'il se perdit. Il pensait qu'en réalité tout homme a son drame, le plus humble, le plus sordide soit-il, mais qui n'est rien tant qu'il n'est pas exprimé, c'est-à-dire mené à sa conclusion provisoire d'exemple. La création poétique alors seule est une dialectique sublime, résolvant la difficulté et le désir du bonheur ; qu'est-ce qu'il est beau. C'est quelque chose d'ardent, de triste, quelque chose d'un peu vague, avec du mystère, du regret. Le malheur faisait que l'autre resplendissait sous le ciel de juin. Ils étaient assis sur ce banc sur lequel ils étaient venus s'asseoir si souvent tous les deux.
Ils eurent de nombreuses conversations, sur des sujets divers, mais l'un, cher à l'enfant rêveur, revenait régulièrement dans leurs propos : la poésie. Se croyant poète à ses heures perdues, qui ne l'étaient donc plus à ses yeux, il essayait d'écrire ; mais il s'avérait que ses écrits étaient pris par des sentiments, à l'origine peut-être profonds, mais qui demeuraient à leur propre surface, obscurcis par une grande confusion des pensées et de l'écriture. Il semblait sortir de lui en s'exprimant : « Baudelaire est un véritable génie ! Par l'oxymore des fleurs et du mal, il montre sa volonté d'extraire la beauté d'un univers de laideur. C'est son cheminement qui est fascinant : par le désespoir il descend dans les méandres de sa conscience et va lutter contre ses démons intérieurs ». Il n'aimait pas trop les poèmes en prose de Baudelaire. Il les trouvait didactiques, et perdant de leur action poétique. Il trouvait qu'on voyait beaucoup l'effort que Baudelaire fournissait en cherchant à tenir la balance entre le poème et la prose. L'autre souriait ; il haussait les épaules.
Opeth a déjà eu l'immense honneur d'apparaître, de manière particulièrement implicite, dans certaines de mes interventions (comme il ne l'a pas remarqué, ça lui fera de la lecture dans le cimetière) - en effet, il n'y a que les remarques concernant Thomas qui sont particulièrement explicites. Alors, pour changer, on va se concentrer sur les cheveux de sSerenity. Car décidément, il n'en a plus beaucoup, et ce n'est ni le scalpthon ni les resto du cheveu qui vont l'aider, surtout avec sa mort en ce jour précis. J'apporte donc ma modeste contribution à l'édifice, pour proposer qu'on se cotise. Il existe un superbe produit (Chut chut, pas de marques ), sensationnel, qui permet, moyennant un pschitt dans les cheveux après chaque shampoing, de les faire pousser, et d'obtenir ainsi une magnifique chevelure ondulante et ondoyante. Pour continuer dans la lancée, je propose qu'on se cotise également pour acheter à sSerenity un dictionnaire du rire et des blagues intelligentes (si vous ne connaissez pas encore le point commun entre les statistiques et un string, vous êtes bénis des dieux) ; et puis, tant qu'à faire, cotisons-nous pour lui offrir un séjour de massages relaxants (au gite de Millau ? - ça vous reviendra moins cher si vous vous dévouez et donnez de votre personne), pour qu'il retrouve une santé et une pulsation cardiaque normale. Je peux comprendre que les statistiques et l'économétrie entraînent quelques sautes d'humeur, mais il y a une limite à tout. Soyons baudelairiens ... et songeons à ces deux morts, précoces dirais-je - mais pas trop longtemps, il ne faudrait pas exagérer non plus.