* Il dormait, allongé sur un lit d’une chambre d’été, ou bien d’hiver. Des évocations tournoyantes et confuses l’assaillaient, mais ne parvenaient pas pour autant à chasser une image qui tentait de pénétrer sa conscience, qui luttait afin de parvenir jusqu’à lui. Elle fut rapide, vive, mais pleine de sens.
Pour faire partie du petit noyau de la famille des SFistes , une condition était suffisante mais elle était nécessaire : se départir de tous ses préjugés, ses a priori ou autres sornettes, qui ne pouvaient que nuire aux relations de longue durée ; or c’est ce que recherchaient ces bonnes gens. Aussi recevaient-ils tout sourire et cœurs ouverts de nombreux joueurs, présentant les nouveaux venus aux habitués, introduisant X auprès de Y lorsqu’ils leur paraissaient pouvoir faire bonne affaire. Parfois, ils tâchaient de faire parader leurs pattes, qu’ils avaient en grand nombre. Il s’agissait de leur richesse la plus précieuse ; leur fierté, comme pour montrer combien ils étaient bien fait, combien leur vie avait été épanouissante autrefois et combien elle le demeurait encore aujourd’hui grâce au succès de leur personnalité.
Le trajet n’était qu’une longue route sans fin, vers ce mot : Surverie. Une route qui s’étendait au loin, blanche, qui semblait mener vers l’infini, et n’était qu’un trompeur artifice. Il fallait avancer, chacun s’évadant dans ses méditations, sans réfléchir à l’agencement des actions qui les faisaient se mouvoir. Surverie. Ils ne savaient pas où ils allaient, mais ils savaient comment cela s’appelait. Ils traversaient des forêts de pins, des arbres s’élevant au ciel, et qui réduisaient à néant toute la conjecture des signes. Un des amis de Diogene, Linika et Maître Sfodellah, qui accompagnait le petit groupe, réfléchissait au sens donné aux signes. Certains qui donnent une sorte d’exaltation nerveuse, exprimant l’effet sur nous des personnes qui les produisent. Il se demandait pourquoi se succédaient les expériences de la vie une après l’autre sans y voir la véritable ; comment fallait-il rechercher, essayer, pour finir par accéder à la révélation ; quand cela arriverait-il ; cela durerait-il ; il fut interrompu dans ses réflexions par un cri de joie : ils étaient arrivés. Ils mirent pied à terre, et traversèrent un marché de village. Apercevant un étalage qui le frappait plus que les autres, l'un deux sursauta : « Regardez, des assiettes rouges ! Qu’est-ce que c’est original ». Enfin, ils furent face à elle, sauvage et déchirante, qui tâchait de se libérer de son fardeau ; elle rugissait, écumait, puis céda, impuissante, et revint au calme. Ils étaient tous exténués par les heures passées à avancer, ils s’allongèrent donc sur le sable, certains s’endormirent, d’autres conversaient, quelques uns allèrent se baigner. La fin d’après-midi se déroula ainsi.
Quelle hécatombe ! Avant toute chose, car sinon je vais oublier, je salue l'homme aux gants en cuir. L'inconscient, c'est le discours de l'autre. J'ai surtout envie de dire que la psychanalyse s'arrête quand le patient est ruiné. Diogene, Linika, Maître Sfodellah, on ne les présente plus, on ne les présentera pas.
L'événement d'aujourd'hui étant un événement pour demain, il m'a inspiré un petit jeu, qui n'était pas prévu dans les règles, je l'avoue, mais que je trouve fort sympathique. Vous avez certainement remarqué que les titres des sujets que je mettais étaient tirés d'auteurs plus ou moins célèbres, mais néanmoins tous talentueux. Je vous propose, avec à la clé une voix supplémentaire pour voter aujourd'hui, de trouver qui sont les auteurs de chacune de ces citations. Vous pouvez lire les conditions plus bas.

[Jour I] « Version humaine de l'ubiquité : faculté de n'être nulle part au même instant. »
[Jour II] « Sans l'ironie, le monde serait comme une forêt sans oiseaux. »
[Jour III] « Mille nuances fugitives et mille résonances profondes qui en font quelque chose. »
[Jour IV] « J'ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d'or d'étoile à étoile et je danse. »
[Jour VI] « L'homme est un loup-garou pour l'homme. »
[Jour VIII] « On ne peut ici bas contenter qu'un seul maitre ! »
[Jour X] « Une belle fête »
[Jour XI] « Avouez que je vous ai fait rire »